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La planète hockey risque de se souvenir longtemps du Canadien en finale 2021… ou pas



Par Guillaume Arcand

Je ne sais pas précisément l’impact de chacune des deux finales et deux championnats vécus en un peu moins d’un an a eu sur la population locale de Tampa Bay. Je n’y étais pas. Par contre, je n’apprends rien à personne en disant que la présence du Canadien en finale 2021 a entraîné un mouvement rassembleur de passion sur l’ensemble du territoire québécois. C’est certain qu’au niveau social et pour tous ces gens qui se sont assis devant leur téléviseur pour regarder notre sport national sans avoir cette habitude en temps normal, ces souvenirs de ce printemps-été seront difficiles à dissiper. On ne peut pas en dire autant sur la planète hockey. Pour des raisons ou pour d’autres, on a tendance à oublier le parcours d’une équipe s’il ne touche pas au précieux trophée, même si elle s’est battue jusqu’à la dernière ronde.

Tous les souvenirs vont aux champions

Avez-vous remarqué qu’on mentionne peu fréquemment un club comme «finaliste» malgré sa présence dans le dernier combat pour la Coupe l’année suivante? Par exemple, si le Canadien accueille la formation ayant mis la main sur le trophée Clarence S. Campbell ou celui du Prince des Galles sans avoir terminé le boulot par la suite, on n’entendra pas nécessairement Pierre Houde dire: «ce soir, le Tricolore fera face aux plus récents finalistes.» (Je sais, je sais, il ne pourra plus dire ça pendant minimum une saison, sachant que Pierre Houde va décrire la plupart des matchs des finalistes en 2021-22).

Par contre, si un match implique les plus récents récipiendaires du grand trophée, on va être nettement plus enclin à utiliser le vrai terme, qui est «champions en titre».

Pourquoi?

Car les finalistes, ils sont plus rapidement jetés aux oubliettes que les champions.

Il y a 2 ans, après la victoire des Blues de Saint-Louis face aux Bruins de Boston, j’ai lu un commentaire d’un individu, visiblement partisan du Canadien et qui voulait narguer les partisans des Bruins après leur défaite. Il disait que perdre en finale n’avait pas vraiment énormément de mérite, car les finalistes, on en donne peu d’importance de toute façon.

Cet individu est en quelque sorte un génie du « trolling» du web, car ses mots sont très justes et inconsciemment, on suit ce qu’il dit avec précision.

Parlant de la formation de Boston, on a tendance à oublier qu’ils obtenu leur billet pour 3 présences en finale au courant de la dernière décennie, et ce, malgré que la bande à Patrice Bergeron ait été impliquée dans probablement ce qui sont les 3 combats de la Coupe Stanley les plus divertissants entre 2010 et 2020.

Car ils ont triomphé qu’à une occasion dans cette période.

Moi-même, j’ai remarqué que j’avais cette tendance très fréquente chez beaucoup à oublier la formation observant l’équipe championne célébrer de l’autre bout de la patinoire.

Je me souviens avoir impressionné plusieurs amis en nommant tous les récipiendaires au trophée remis aux vainqueurs des séries de la LNH depuis 1990. Heureusement pour moi que ces gens ne m’ont pas demandé avec qui se sont -ils disputés le trophée, car j’aurais eu l’air stupide…

Jusqu’à il y a quelques semaines!

Après avoir fait des recherches à cet effet il y a quelques semaines, dans le but de réaliser cet article.

C’est assez fou! Pas vrai?

Quelques uns ont des souvenirs des Coupe Stanley des Devils en 2000 et 2003. Pourtant, qui se souvient qu’ils ont aussi passé bien près d’avoir aussi réalisé l’exploit en 2001, et ainsi de célébrer à 3 occasions en 4 saisons, alors que la formation de la banlieue de New York a baissé pavillon en 7 matchs face à un certain Patrick Roy et à l’Avalanche?

3 présences en finale en l’espace de 3 ans c’est gros. Mais pas assez gros pour qu’on s’en rappelle quelques dizaines d’années plus tard si on ne parvient pas à compléter le travail à chacune des occasions.

On peut aussi parler des 2 occasions où les Stars ont obtenu leur billet pour une danse avec Lord Stanley, car on a aussi cette fâcheuse tendance à ne pas en avoir de solides souvenirs. C’était en 1999 et en 2000. Ce n’est qu’à une occasion que la formation du Texas a soulevé le trophée, en 1999.

Bizarre qu’on ne parle pas tant du 2ème parcours malgré le fait que Dallas est passé près de faire, ce qu’on appelle en anglais, un «back 2 back»…

Parlez-en également aux partisans de hockey junior, alors que l’Armada a disputé le championnat de la LHJMQ lors de deux saisons consécutives (2017 et 2018). Les amateurs du circuit Courteau ont probablement moins de misère à se rappeler que les Huskies ont gagné en 2019!

Je peux continuer longtemps sur ces exemples. Pourquoi peu d’importance est accordée aux finalistes malgré tout le chemin parcouru?

C’est simple. En général, même s’il s’agit d’un moment mémorable et magique pour tous les sports, la durée des souvenirs reliée aux éliminatoires est assez basse, et surtout surestimée.

À moins qu’il se produise quelque chose d’exceptionnel. Et encore. (La photo ci-dessous peut certainement servir d’exemple…)

Un défi difficile à relever

Je vous donne le défi de tout reconstituer le tableau d’une année éliminatoire après 2009. Sans tricher en allant sur Google.

Allez-y. Parmi ceux qui auront essayé l’exercice honnêtement, une infime partie sera proche de réussir.

Si les finalistes perdent rapidement la cote auprès des amateurs de hockey, on peut affirmer que c’est probablement pire avec les demi-finalistes.

Même si les Islanders et les Golden Knights ont fait partie des deux plus récents carrés d’as, cela ne sera peu, ou pas retenu, d’ici peu.

Même si l’accomplissement de ces deux formations est ce qu’on peut appeler un exploit.

Équipe aspirante VS «du rêve»

Ce n’est pas trop difficile de se remémorer de l’édition finaliste des Canucks de Vancouver en 2011.

Tout comme récupérer des mémoires dans notre boîte de souvenirs cérébraux de la saison 2012-13 des Blackhawks de Chicago en 2012-13, si les Bruins étaient parvenus à freiner la puissance de l’Illinois cette année-là, n’aurait pas été une tâche bien ardue.

Car c’était de bonnes équipes.

On ne peut pas en dire autant de d’autres ex finalistes. Même si on ne peut leur enlever l’accomplissement d’être dans les 2 dernières équipes survivantes.

À beaucoup d’occasions ces derniers temps, la finale de la Coupe Stanley oppose une équipe dont la présence lors du dernier tour de piste ne surprend pas les masses, ainsi qu’une formation qui a défié les attentes et les prédictions tout le long des séries, sauf lors de leur rendez-vous avec Lord Stanley.

L’édition 2017 des Predators en est un bel exemple. Oui Pekka Rinne a été sensationnel, ainsi que le top 4 défensif de Nashville cette année-là, mais aujourd’hui, qui parle à quel point cette équipe était bonne?

Personne. Car cette équipe n’était vraiment une formation de calibre à une équipe normalement en finale. Les gens préfèrent parler de cette finale comme étant le 2ème triomphe de Sidney Crosby et sa bande.

On peut dire la même chose des Golden Knights de Las Vegas en 2017-18. Leur présence en finale était du rêve pur et inespéré pour leurs nouveaux partisans. Quelques individus disent qu’ils ont été surprenants, mais combien mentionnent qu’il s’agissait d’un très bon club en nommant les performances d’un joueur x ou y (en dehors de Fleury)?

Le nombre doit être plus petit que le nombre de buts marqués par Steven Stamkos en 2019-20. Ce qu’ont fait William Karlsson, Reilly Smith ou Erik Haula en 2018, c’est presque poubelle dans les conversations de hockey.

Les fans de hockey ne sont pas non plus nombreux pour vanter l’équipe qui a remporté le championnat de l’Est en 2014, les Rangers de New York.

Pourquoi?

C’est simplement parce que ces chers et honorables gagnants du trophée Prince de Galles cette année-là ont été les moins bons adversaires des Kings.

Après avoir battu les Sharks (de 0-3 à 4-3), les Ducks et ensuite les Blackhawks (qu’on pouvait aussi appeler les champions en titre à ce moment-là), tous les trois dans des séries qui se sont étirées à la limite, il va de soi de dire que la formation de la Grosse Pomme représentait, pour leurs adversaires, le dernier effort avant les festivités.

En ce moment, en tant que << médaillé d’argent >> de la saison 2020-21, non seulement le Tricolore se positionne comme équipe << rêve >>, mais il est aussi très comparable à l’équipe qui l’a battu en 6 il y a 7 ans en finale de l’Est.

Regardez le parcours du Lightning. Ils ont dû battre les très bons Panthers, les Hurricanes et finalement, les Islanders. Sans rien enlever à la formation pilotée de Dominique Ducharme, ils ont été les belligérants les moins combattifs de tout le parcours des Bolts en 2021.

C’est un peu pour ça que les seules raisons expliquant pourquoi la planète hockey (pas seulement au Québec), s’eat autant passionné pour le parcours du Tricolore. C’est parce qu’il s’agit de la première présence en finale du club depuis que Joel Edmunson est né (oui, il a vu le jour en 1993).

Toutefois, il ne s’agit pas de la première équipe canadienne à passer bien près de briser la disette nationale qui perdure depuis 1993 (Flames en 2004, Oilers en 2006, Sénateurs en 2007, Canucks en 2011), sans succès.

Et ces équipes sont, en quelques sortes, quand même supérieures aux plus récents finalistes.

Ils sont même passé plus près d’être les premier à ramener le précieux trophée au nord de la frontière depuis le triomphe montréalais d’il y a 28 ans.

On ne parle pourtant peu d’eux. Est-ce qu’on va mentionner plus souvent le Bleu-Blanc-Rouge de 2020-21 et ses succès?

Sérieusement, probablement que non.

Sauf peut-être pour faire l’éloge de Nick Suzuki et Cole Caufield et leur émergence. Ou bien pour faire mention de la meilleure performance de Price en séries durant sa carrière jusqu’ici.

Ce n’est pour rien qu’on appelait la Sainte-Flanelle << l’équipe cendrillon >>. On peut s’entendre, tous et chacun, pour dire que cette équipe était impressionnante à voir jouer, mais que sur papier, il n’y a pas assez de matériel pour que tout l’univers hockey en fasse un sujet de discussion très fréquent dans quelques années.

Le Canadien de Montréal en finale, c’est quelque chose de magique. Les plus jeunes nés après 1993 ont pu le voir pour le croire. Toutefois, c’est différent dans la mémoire des fans de hockey (et aussi des autres sports), où il y a un gagnant, et ensuite 30 (ou 31 à partir de l’an prochain) perdants, dont les accomplissements seront tous également rappelés pour tous les perdants. Peu importe si une équipe a évité les séries ou a passé bien près de gagner la Coupe. Malheureusement, le Canadien n’y échappera pas.

Crédit photo: NHL, The San Diego Union, CBS New York, Habs Eyes on the Prize, the Athletic


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