Par Guillaume Arcand

Le 6 août dernier, Kyle Lowry a joint le Heat de Miami dans un ”sign & trade” comme on dit dans le jargon où Goran Dragic, entre autres, a pris le chemin de Toronto. Les partisans des Raptors étaient très enthousiastes à l’accueillir… jusqu’à ce que le vétéran meneur a dit ne pas vouloir porter le chandail des Raptors, sous prétexte ”qu’il avait de plus grandes ambitions”. Dragic a donc passé de joueurs pouvant vendre sa part de chandail des dinosaures avec son nom à un agent du gouvernement chinois voulant la destruction des sociétés occidentales du point de vue des sympathisants de la seule équipe canadienne de la NBA. Et c’est étrange de voir autant d’indignation.

Réaction compréhensible

À la place de vous insurger et de vouloir brûler tous les chandails du Slovène, réfléchissez un peu.

Dragic a 35 ans. Pas 25. Pas 30. 35!

Il passe d’une équipe ayant fait les finales en 2020 à une formation exclue des séries en 2021.

Il ne s’agit pas d’une amélioration.

Ne me sortez pas que les Raptors ont gagné en 2019. Sans Kawhi Leonard, le trophée Larry O’Brien ne serait pas allé au Canada.

Et les chances que le championnat revienne au nord de la frontière ont chuté avec le départ de Kawhi en juillet 2019. Les Raptors sont TRÈS différents en ce moment.

Car le numéro 2 peut presque changer une franchise à lui seul. Est-ce que j’ai besoin d’exemples où le fait de rappeler que beaucoup le scandait sous tous les toits lors du printemps 2019?

Pour en revenir à Dragic, il a atteint la mi-trentaine et n’a aucune bague de championnat sur les jointures.

Pensez-y deux minutes. Vous êtes à 5 ans d’atteindre la quarantaine et votre nouvelle destination est une formation qui n’a pas pu se qualifier aux éliminatoires lors du dernier calendrier.

Allez-vous être heureux? Même s’il s’agit de votre équipe préférée? Ne faites pas les hypocrites et soyez honnêtes.

Vous ne seriez dans votre meilleur état émotionnel.

Donc, si vous avez de l’empathie, vous comprendrez qu’un joueur de 35 ans va préférer offrir ses services à une équipe mieux munie pour faire face à tout ce mélange de parité et de lot de superpuissances au sein de la NBA.

Dragic ne doit rien à personne

À ce que je sache, l’ex membre du Heat, des Rockets et des Suns n’a pas rien à rendre à absolument qui que ce soit.

Ça inclut les champions des séries 2019.

Celui qui a une participation au match des étoiles en carrière (2017-18) ne leur doit encore moins de respecter cette loi absurde du monde du sport qui stipule qu’il est interdit d’avoir une personnalité en dehors des normes.

Ce qui veut dire une personnalité grise et sans saveur.

Même si sa conséquence pour avoir commis ce ”crime de guerre” est de se faire détester par les partisans d’une formation dont il n’enfilera probablement pas le chandail…

Après tout, il n’a jamais dit que l’organisation torontoise était gérée par des imbéciles ou des canailles. Loin de là. Très loin.

Je ne vois pas pourquoi les partisans de la formation ontarienne s’insurgent de voir Dragic tenir de tel propos sur leur équipe.

Ils devraient être heureux d’avoir le fond de la pensée du Slovène! Ils peuvent avoir une meilleure opinion à son sujet, quitte à ne pas être contents de sa déclaration.

Ce n’est pas beau ça?

Si cette ligue, et même le sport en général, était moins intoxiquée par cette culture anti-transparence, et que les joueurs étaient un brin plus honnêtes, on en verrait, des choses.

Et quand je dis des ”choses”, je dis par là des nombreuses flèches, qui peuvent se convertir en attaque, contre des joueurs ou des organisations. N’allez pas croire que les Raptors y échapperaient.

Non-seulement Dragic n’a aucune dette envers vous, donc sa déclaration controversée, hormis le fait qu’il questionne la puissance de l’alignement de Nick Nurse, n’est en rien irrespectueuse, mais aussi, si vous faites partie des indignés, avoir connaissance que le joueur en question, à vos yeux, vous déteste n’est pas une mauvaise chose.

Vous le savez maintenant.

Dragic, qui a 35 ans, et qui n’a toujours pas de championnat, sème l’indignation après avoir dit avoir de meilleurs plans que de joindre une équipe ayant manqué les séries la saison dernière, à qui il n’a pas une dette quelconque. Imaginez si cette ”cancel culture” était moins généralisée et qu’un joueur quelque peu frustré devait dire quelque chose de moindrement pire…

Crédit photo: Yahoo Sports, Sportsnet

Mots clés: Goran Dragic, Kyle Lowry, NBA, Raptors de Toronto