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Laissons Joshua Roy continuer de se développer


 Daniel Vanier 

L’ailier droit du Rocket de Laval, Joshua Roy est tout feu tout flammes depuis ses débuts dans la Ligue américaine de hockey. Il domine complètement la ligue en ce moment avec une fiche de 5 buts et 6 mentions d’aide pour 11 points en 5 parties. Le numéro 10 de la formation lavalloise a même connu une soirée record où il a égalisé un record de concession du Rocket avec une production de 5 points au cours du même match. Roy en a profité pour inscrire son 1er tour du chapeau chez les pros. Si vous l’avez raté, le 7e Match vous en avait parlé dans le texte qui suit :

Une soirée record pour Joshua Roy

Laissons-le continuer son développement

Il va sans dire qu’avec une telle production et que, de plus, c’est un joueur québécois, Joshua Roy alimente beaucoup les médias de la belle province. Son statut fait couler beaucoup d’encre et les partisans des Canadiens de Montréal sont maintenant nombreux à exiger son rappel avec le grand club. Pourtant, ce ne serait pas vraiment la meilleure chose à faire. Est-ce que Joshua Roy va évoluer sur un des 2 premiers trios à Montréal ? Possible, mais incertain. De plus, le jeune homme est seulement âgé de 20 ans et il a jusqu’ici un «énorme» bagage de 5 matchs d’expérience chez les pros. Il n’a même pas encore connu tout ce qu’il y a à connaître dans la Ligue Américaine, n’a même pas encore voyagé. Joshua Roy semble aussi capable de gérer la pression. Toutefois, il n’y a rien qui presse en ce moment à Montréal. Avec Joshua Roy ou pas dans l’alignement, il serait très surprenant que les Canadiens se qualifient pour les séries éliminatoires. Bref, avant de l’exposer immédiatement à la pression montréalaise, pourquoi ne pas le laisser continuer de prendre de l’expérience et de la confiance dans un rôle de premier plan avec le Rocket? Sur ce sujet, je partage la même opinion que Marc-André Godin :

Une très bonne gestion des joueurs

Il ya plusieurs choix des Canadiens repêchés dans les trois premières rondes qui se sont finalement avérés des «flops». À mon humble avis, malgré quelques grosses erreurs de sélection, c’était beaucoup plus une mauvaise gestion des joueurs que des mauvais choix au repêchage. Montréal semble maintenant avoir changé et démontre plus de professionnalisme dans leur gestion de leurs jeunes espoirs. Anthony Martineau a vanté la décision des dirigeants du Tricolore dans les dossiers de Joshua Roy et de Filip Mesar et il avait bien raison de le faire:

Il y a eu des Suzuki…mais aussi des Kotkaniemi et des Galchenyuk

Certains diront, «Oui, mais il y a des joueurs aptes à faire le saut directement dans la Ligue nationale sans d’abord faire un séjour dans la Ligue Américaine. Regardez aller Nick Suzuki !»
Oui, en effet, Nick Suzuki va très bien, et ce, même s’il n’a jamais eu à disputer un match dans la Ligue américaine. Toutefois, je me souviens que sa gestion était loin d’être idéale sous les ordres de Claude Julien. Rapplez-vous qu’il jouait au départ alors sur le 4e trio et très peu de minutes. Puis, des blessures sont survenues et Julien s’est vu forcer de l’utiliser dans des situations plus importantes. Suzuki a très bien répondu et on connaît la suite de l’histoire.

Nick Suzuki a bien réussi. D’autres cependant auraient sans doute bénéficié de prendre de l’expérience dans la Ligue Américaine avant d’être jeté dans la fosse aux lions. Jesperi Kotkaniemi et Alex Galchenyuk sont des noms qui nous viennent en tête. Ces deux joueurs ont à mon humble avis été monté beaucoup trop tôt. Est-ce que leurs carrières auraient été différentes s’ils avaient évolué et pris de l’expérience dans la Ligue Américaine avant de débuter dans la LNH ? Difficile à dire. Galchenyuk avait aussi des problèmes de comportement, il ne faut pas l’oublier. Toutefois, cela n’aurait sûrement pas nui autant à Galchenyuik qu’a «KK» de prendre de l’expérience et de la maturité dans un calibre inférieur.

Après tout, très peu de jeunes espoirs ont souffert d’avoir joué trop de matchs dans la Ligue Américaine. À l’opposé, il y a une très longue liste d’espoirs qui n’ont finalement pas connu l’impact espéré dans la LNH par la faute d’une promotion trop rapide et on peut inclure Kotkaniemi et Galchenyuk dans ce lot.

L’ancien du CH, Maxim Lapierre, est présentement en train de faire le tour des équipes de la LNH pour regarder comment ils ont développer leurs joueurs. celle sur les Hurricanes de la Caroline est particulièrement intéressante :

Comme on peut le constater, les Hurricanes sont un peu disons, «entre les deux» pour ce qui est de la promotion de leurs jeunes joueurs. Ils en font monter certains très rapidement, alors qu’ils jugent parfois que d’autres ont tout intérêt à continuer de gagner de l’expérience dans la Ligue Américaine. Cela ressemble un peu à la gestion que le CH semble vouloir effectuer avec leurs jeunes joueurs. Certains joueurs sont montés rapidement dans le grand club, car il y avait des postes ouverts.On peut penser à Jordan Harris et Arber Xhekaj qui n’ont pas jouer un seul match avec le Rocket et à Kaiden Ghule qui n’en a disputé que 3. Toutefois, pour les attaquants, il ya moins de postes ouverts et on préfère voir les jeunes espoirs faire leurs classes avec le Rocket et c’est très bien ainsi. >Il y a toujours des exceptions, comme ce fut le cas avec Nick Suzuki et Juraj Slafkovský.

Bâtir une tradition gagnante

Il faut aussi tenir compte du moment. Les Canadiens ne sont pas dans la même position que le Lightning de Tampa Bay qui fut sans contredit une des meilleures formations de la LNH au cours des 5 dernières années. Ils faisaient donc graduer les jeunes rapidement et les intégraient dans une tradition gagnante immédiatement :

Les Canadiens ne sont pas du tout dans la même position que l’était le Lightning lors des graduations mentionnées par Maxim Lapierre. Laissons les jeunes gagner en bas. Souvenez-vous des Canadiens de 1986. Les Jeunes qui avaient gradué cette saison-là, comme Patrick Roy Stéphane Richer, Claude Lemieux, Brian Skrudland, John Kordic, Mike Lalor et Randy Bucyk avaient tous remporté la Coupe Calder avec les Canadiens de Sherbrooke dans la Ligue Américaine la saison précédente. D’accord Roy(1 seul) et Richer (0) n’ avaient pratiquement pas disputé de matchs en saison régulière dans la ligue Américaine, mais la plupart des autres oui. Ils savaient donc les sacrifices nécessaires pour remporter le gros trophée des séries éliminatoires. Voici la victoire de la Coupe Calder par les Canadiens de Sherbrooke en 1985 :

La gestion des jeunes joueurs par les Canadiens fut payante à cette époque et on connaît la suite pour eux en 1986. Rien ne dit cependant que l’histoire va se répéter aussi rapidement pour les Canadiens de Montréal de notre époque.

Certains sont offusqués de voir des joueurs comme Joel Armia ou Gustav Lindström être rappellé avant un jeune espoir. Toutefois, ces joueurs rappelés en ce moment ne sont là que pour« patcher des trous», si vous nous permettez l’expression. Ils ne font pas partie de l’avenir. Il vaut certainement mieux laisser les jeunes espoirs comme Joshua Roy, mais aussi comme Jayden Struble, Mattias Norlinder, Logan Mailloux, Sean Farrell et quelques autres prendre de l’expérience et du gallon avec le Rocket de Laval. Cela sera bon pour eux et éventuellement très bon aussi pour les Canadiens de Montréal et leurs partisans !

Crédit photo : RDS


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